Bilan de la 11ème édition du Roller Marathon de Dijon
Certains sont allés le décrocher. D’autres l’ont conquis une deuxième fois d’affilée. Les troisièmes enfin l’étaient déjà. On a vu beaucoup de liserés arc-en-ciel sur le circuit des allées du Parc à Dijon dimanche 12 juin. Quoi de plus normal ! AM Sports organisait les championnats du monde Masters le matin, mais aussi la quatrième manche de la World Inline Cup l’après-midi...

Du beau « monde » en Bourgogne pour le Marathon roller de Dijon 2011
Dans leur(s) course(s) au podium, les Tricolores sont revenus de la capitale bourguignone avec deux titres de champion du monde (Claire Boada en O60 et Jean-Stéphane Sierra, qui conserve donc son bien une année supplémentaire chez les U40), trois médailles d’argent (Christiane Buquant en O60, Claudie Duval en U60 et Cyril Carcano en U40) et enfin deux médailles de bronze (Jacques Houssais en O60 et Cédric Faron en U40). Les plus « jeunes » ont suivi les pas de leurs aînés : dans le marathon international, Yann Guyader termine deuxième après une course d’attaque, tandis que Justine et Clémence Halbout trustent les deuxième et troisième places du podium ! De bons résultats pour les Français et rien que du beau « monde » à Dijon en somme !
L’Allemand, qui fut à la fois un fervent admirateur et un ardent détracteur de Napoléon, a sans doute inspiré Yann Guyader (Powerslide), qu’on a comparé au conquérant corse voilà quelques années, tant leurs styles se ressemblaient. Yann a encore une fois prouvé que la meilleure façon de gagner, c’était de prendre les devants rapidement.
Alors que la course avait à peine commencé, alors que les principaux teams étaient encore en train de chercher leurs marques sur les longues lignes droites des allées du Parc, le Nantais n’hésita pas à se lancer dans une échappée solitaire. Il profita d’un moment d’inattention du peloton, sans doute encore inhibé par la chaleur de l’après-midi, pour lâcher les chevaux dès le troisième tour de course (sur 19). Qu’est-ce qui a poussé Guyader à s’exposer ainsi ? Avant la course, le Nantais savait très bien que son principal adversaire serait Bart Swings (Cado Motus). Le Belge avait lui-même testé le peloton au bout de deux tours, histoire de se dégourdir les jambes et de voir qui réagirait… Sur un circuit où il est facile de se faire piéger – ce que Swings et Guyader ont déjà expérimenté à leurs dépens en 2010 – mieux vaut prendre les devants !
Une échappée royale chez les Elites
Quoiqu’il en soit, Yann Guyader est parvenu à mettre un temps le doute dans les esprits. On en était à peine à 10 minutes de course et le leader actuel de la WIC s’était lancé dans un contre-la-montre individuel avec à ses trousses un paquet qui tardait à réagir. Mais que faire en vérité ? Maintenir Guyader à portée de fusil et le laisser mourir à petit feux ? Ce n’était certainement pas la bonne solution ! Il aurait été capable de tenir la dragée haute à ses adversaires et de profiter des mésententes qui forcément finissent par surgir…
Yann n’avait pas fait un tour tout seul que ça revenait par l’arrière. Et pas n’importe qui. Le premier à raccrocher le wagon Guyader, c’était Elio Cuncu (IDEEprint EO Skates) : l’Italien qui vit à Berlin est un sacré patineur de vitesse et c’est grâce à son accélération typique qu’il est revenu sur le Français, en haut du circuit. Mais une deuxième locomotive lui filait le train. Parmi les voyageurs installés dans celle-ci, de sacrés fuyards « professionnels » : Nolan Beddiaf (RPM Poli), Scott Arlidge (Powerslide), Alexander Bastidas (Rollerblade Estonie) ou encore Nicolas Iten (Swiss Skate Team). Mais aussi un passager de première classe : Bart Swings. Swings et Guyader de sortie, voilà vraiment une échappée royale ! Il fallait tout de suite comprendre que c’était du sérieux et qu’au bout d’un quart d’heure, la course était peut-être déjà pliée…
Swings en infériorité numérique, mais en supériorité physique !
Ils étaient dix en tout dans cette échappée tôt partie. Rendons hommage à Raphaël Planelles, qui a bien senti le coup se faire : le jeune Cadet s’est retrouvé dans la roue des meilleurs Elites, mais a dû abdiquer après quelques kilomètres aux avant-postes avec les cadors. Il aura tout le temps de sentir d’autres bons coups, et surtout d’y participer jusqu’au bout ! Car les neuf autres ne l’ont pas attendu. C’est même l’inverse : sentant que le trou se faisait avec le peloton, ils en ont remis une couche pour se mettre à l’abri. Forcer le train, ce n’est pas rien de le dire : dans le cinquième tour, ils faisaient descendre le chrono à 2’58 sur un tour (soit plus de 44km/h) !
Le gros du paquet était doublement piégé. A priori, seul le team Bont devait prendre la chasse, car aucun de ses représentants n’était à l’avant. Mais des prétendants étaient piégés à l’arrière aussi, comme par exemple Ewen Fernandez (Powerslide, deuxième à Rennes en 2010), Ferre Spruyt (Cado Motus, deuxième à Dijon en 2010), Elton De Souza ou encore Brian Lépine (RPM Poli), qui ne pouvaient pas rouler parce que leur leader ou un coéquipier était sorti… Cette situation pencha tour après tour en la faveur des fuyards, qui roulaient à un train à peu près constant, alors que le peloton roulait par à-coups. A six tours de l’arrivée, l’écart était monté au-dessus de la minute trente. Les neufs devant commencèrent à réfléchir à la suite à donner aux événements : Bart Swings était l’homme à surveiller, mais en même temps en infériorité numérique (c’est-à-dire tout seul). En face, il devait faire avec deux Powerslide, et non des moindres (Yann Guyader et Scott Arlidge), deux patineurs du Swiss Skate Team (Nicolas Iten et Michael Achermann), les deux frères Elio et Giacomo Cuncu (IDEEprint EO Skates) et deux « solitaires », à savoir Nolan Beddiaf et José Bastidas. Il fallait commencer à user Bart Swings, clairement. Mais si le Belge était en infériorité numérique, il semblait aussi en supériorité physique !
Guyader jette toutes ses forces dans la bataille
Pour suivre la course, il faut « zapper » la partie située entre le quart d’heure et les trois quart d’heure : dans ce laps de temps, les efforts linéaires des échappés n’ont pas forcément donné un spectacle passionnant. Le marathon s’est animé à nouveau dans les dernières quinze minutes de course, quand les athlètes sont repassés en mode attaque. Swings d’abord dû encaisser les coups de semonces de Yann Guyader, de Scott Arlidge, de Michael Achermann ou de Nicolas Iten. Logique : les deux teams en supériorité numérique ont tenté de ressortir pour forcer une arrivée plus « claire ». Le Belge filait dans la roue des attaquants à chaque fois.
Au bout de deux tours de passe d’arme, Swings décidait de prendre la course à son compte et d’attaquer lui-même par l’avant. Tactique osée, car il risquait de subir un contre ravageur et de lâcher prise irrémédiablement. Mais tactique obligée, car dans une course, mieux vaut anticiper et forcer l’adversaire à réagir plutôt que de subir. Bart Swings a d’ailleurs réussi à faire douter les autres, qui du coup le sentaient indestructible. Yann Guyader fut à vrai dire le seul à pouvoir relever le défi. Dans le seizième tour, en bas du circuit, profitant d’un moment de relâchement, le Nantais attaquait par l’intérieur du rond-point. Sous le monument aux morts, le leader actuel de la WIC montrait qu’il était encore bien vivant, plein de panache ! Il restait dix minutes de course et Guyader jetait (pour la deuxième fois) toutes ses forces dans la bataille.
2 à 1 pour Bart Swings
Devinez qui fut le seul à pouvoir réagir ? Bart Swings revint sur Guyader presque dans la foulée, tout en puissance. Le duo fit littéralement exploser leurs compagnons d’échappée : les derniers à résister (Bastidas, Alridge et Iten) ne parvinrent jamais à boucher les dix mètres d’écart que leur avaient infligé Swings et Guyader… Plus fort encore : les sept laissés pour compte ont failli être rejoints par le peloton ! En trois tours, ils ont perdu pas moins de 1’25 sur le duo de champions du monde ! Il faut dire que devant, ils n’ont jamais baissé le rythme : dans le dernier tour, Yann Guyader était en tête, maintenant une vitesse constante en vue de déclencher le sprint. Mais comme à Rennes, Bart Swings l’a déboîté très loin de la ligne, en fin de virage, à environ 400m. Guyader est revenu dans l’aspiration du Belge en puissance, mais sans pouvoir véritablement revenir à hauteur d’épaule. 2 à 1 pour Swings donc, qui met Rennes et Dijon de son côté alors que Guyader avait « pris » Berlin en début de saison. Le Français pourra cependant se consoler : il reste leader de la Coupe du monde et accroît même son avance au classement provisoire. Parti comme cela, il pourrait bien la gagner pour la troisième fois dans sa carrière !
Deuxième consolation pour Yann Guyader : son coéquipier Scott Arlidge prenait le bronze devant Nicolas Iten. Quant au peloton, il fut secoué par l’accélération d’Ewen Fernandez dans le dernier kilomètre : le Nantais parvenait presque à réussir son pari d’aller chercher en force la dixième place au classement. Il se faisait néanmoins passer sur la ligne par le Néo-zélandais Peter Michael (X-Tech MPC) pour une poignée de dixièmes… Le temps final de cette onzième édition du Roller Marathon de Dijon fait rêver : le premier a bouclé les 42km en 1h01’18 et le peloton est arrivé 2’20 après. Une trentaine de patineurs ont donc passé la barre des 40km/h ! Certes, le circuit est idéal pour de tels chronos et le temps était de la partie. Mais encore une fois, ces moyennes sont impressionnantes.
Begg en solitaire chez les femmes
Chez les femmes, il y aura eu moins de suspense concernant la victoire. Nicole Begg (X-Tech MPC) s’est en effet échappée seule à huit tours de l’arrivée. La Néo-zélandaise, privée de sa meilleure « ennemie » Cecilia Baena (repartie en Colombie pour les sélections nationales), a tenté un coup de poker gagnant. Bien qu’à l’arrière, Laetitia Le Bihan (RPM Poli) ou encore Mélissa Chouleysko (IDEEprint EO Skates) aient mené le train pour essayer de combler l’écart, ce ne fut pas suffisant. Begg, toute en puissance, achevait le travail en 1h17.
Derrière, la « Halbout connexion » frappait encore. Justine, très rapide dans des arrivées en faux-plat montant comme à Dijon, allait chercher l’argent presque naturellement, un ton au-dessus des autres. Sa sœur Clémence surprenait encore puisqu’elle sortait du sprint du paquet juste derrière son aînée, battant sur la ligne la Pibracaise Ysia Clausses. Avec une septième place au classement féminin, Mélissa Chouleysko conforte quant à elle son rang mondial : l’Orléanaise est pour l’instant deuxième du provisoire de la WIC derrière Nicole Begg. Elle est bien partie pour y rester, alors qu’il reste encore quatre étapes à disputer !
Deux champions du monde Master !
Les femmes ont ouvert la voie aux Tricolores dimanche matin. Dans les marathons des épreuves Master, la Strasbourgeoise Claire Boado décroche en solo le titre et donc le maillot devant une autre Française, Christiane Buquant de Brétigny. L’élève a d’ailleurs fait aussi bien que le maître. Le maître ? C’est Claudie Duval, le porte-drapeau du CSB et coach de Christiane Buquant est une valeur sûre de l’équipe de France. Elle remporte encore une belle médaille d’argent dans la catégorie U60, au sprint contre trois adversaires.
Chez les hommes, Jacques Houssais peut être fier de sa troisième place en O60. Le Nantais, plutôt spécialiste des sprints longs, a parfaitement su tirer profit de la configuration du circuit. Il prend le bronze derrière un Allemand et un Italien dans un marathon qui s’est couru en 1h20. Le Parisien Guy Caillière n’est pas loin du tout puisqu’il termine cinquième. Quelques regrets en revanche dans la catégorie U60 : Jean-François Lenôtre vient en effet mourir au pied du podium, à la quatrième place. Le Pibracais a fait une course solide, mais il a trouvé plus fort que lui sur la fin… Custodio « Gus » Alves E Silva et Henri Luton finissent eux dans la file du peloton, aux 13ème et 15ème places.
On a senti le cri du coq résonner dans la catégorie U40 masculine. Les Français ont en effet réalisé le triplé : Jean-Stéphane Sierra conserve l’or qu’il avait conquis en Italie l’année dernière, Cyril Carcano monte d’une place dans la hiérarchie puisqu’il termine deuxième et Cédric Faron prend la troisième place. Les U40 ont bouclé le 42km en 1h08, autant dire un temps digne des Juniors et de certains Seniors ! Ils en ont encore dans les jambes, à tel point que dix Tricolores auraient pu prétendre au podium. Mention spéciale à l’un d’entre eux, et pas des moindres : Thomas Dauvergne termine treizième, mais on le voyait presque champion du monde. Ç’aurait d’ailleurs été une belle image ! L’organisateur de ce Roller Marathon de Dijon s’est en effet échappé à la cloche et il aurait pu finir en solitaire. Mais il s’est fait rattrapé peu avant la ligne… Comme il le dit lui-même : « j‘ai joué ma carte et il me manquait 200m, mais ça a favorisé le podium de mes coéquipiers. » A n’en pas douter, un tel esprit d’équipe, c’est aussi l’apanage du roller de vitesse !
Résultats
- Marathon International Senior
- Championnat du Monde Marathon Master U40 U50
- Championnat du Monde Marathon Master U60 060
- Semi Marathon
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13 juin 2011 at 19 h 44 minLe bourdon
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