Si tu veux bien prenons ma définition pour le mot endurance : capacité à résister à la fatigue ça irait pour se mettre d'accord et pouvoir se comprendre ?
Oui c'est le sens commun. Mais quel rapport avec les aptitudes cardio-vasculaires. Le cœur est sans doute le muscle le plus endurant qui existe, il ne s'arrête jamais !
Le problème c'est de faire un effort prolongé à une certaine intensité. C'est l'intensité relative la clef du problème.
En restant dans une intensité modérée on ne provoque aucune adaptation, sauf quand on débute (mais ça dure quelques mois au plus). Ton cœur peut battre à 140 pendant 2,3,5...10 heures pourquoi pas. Le facteur limitant n'est pas cardiaque à cette intensité, il est musculaire, mécanique, nerveux ou psychologique.
Le problème de la plupart des sportifs n'est pas de durer à faible intensité, mais d'aller plus vite sur une certaine durée/distance.
Pour ce qui est de se construire du "foncier" la course à pied ne me semble pas la plus adaptée, le vélo ou le roller permettent des efforts longs avec des traumatismes limités...
Corrige moi si je dis une ânerie, mais avant de muscler le cœur, le travail à faible intensité ne lui permet-il pas de prendre du volume, pour ensuite avoir, lorsqu'on le musclera via des séances VMA, un meilleur rendement ?
C'est au minimum très controversé et probablement pas fondé. C'est en utilisant des recherches des années 50 (Astrand il me semble) qu'on a abouti au fameux dogme du 120/140.
En fait il semble que la taille du cœur, donc son volume, est largement déterminé génétiquement (pour 80%), même si un entraînement précoce et certaines conditions de vie permettent d'optimiser au mieux le bagage génétique.
En fait la principale adaptation de l'entraînement c'est de muscler le cœur.
Ah ben oui mais là on joue pas dans la même cour, moi 12km/h c'est mon allure sur 10km
Essaie donc de t'entraîner plus souvent dans des allures efficaces : 12km/h en intermittent long (3x8, 3x10') et 14km/h en VMA courte (15x30/30).
Ce qui compte c'est d'avoir la plus grande quantité de qualité.
est-ce juste une question de point de vue, un débat entre deux écoles ou bien quelque chose de plus subtil qui m'échappe totalement ?
Tu as raison c'est quelque chose d'assez subtil. C'est une histoire de plaisir. Inconsciemment chacun essaie de tordre les faits pour les faire coller à ce qu'il aime le plus faire. Ceux qui aiment le long et lent (et ils sont nombreux parmi les coureurs loisir parce qu'en général ils ont découvert la càp par ce biais) vont chercher ce qui peut aller dans le sens d'un entraînement axé là dessus. Ceux qui par leur caractère préfèrent les entraînements rapides vont voir les choses par une autre lorgnette.
Pour faire un aparté biographique, je suis naturellement du second groupe. J'ai découvert l'athlé à 16 ans et je voulais aller vite. Le hasard de la vie à voulu que je devienne mon propre entraineur à mon entrée en FAC à 19 ans (j'avais déjà un bon niveau). J'ai bouquiné et j'ai été sensible à des discours très nouveaux à l'époque (en France on était encore au 120/140), c'était en 1989. Les kenyans nous mettaient la pile en cross en faisant des entraînements d'extra-terrestre. Des coachs Portugais ou Américains faisaient des miracles avec des volumes d'entraînement inférieurs à 100km par semaine.
Quand j'ai commencé à m'entrainer comme eux, pas mal de gens en Bretagne (ou la càp est une religion) m'ont regardé bizarrement, j'en ai entendu des trucs. Mais après un an à ce régime j'ai commencé à devenir très fort. Au bout de 4 ou 5 ans d'autres entraineurs ont commencé à copier ce que nous faisions (je n'était pas le seul à avoir eu cette intuition).
Bien sur il faut garder des footings tranquille, ne serait-ce que pour récupérer entre deux séances rapides. Mais de là à passer 60% de son temps d'entraînement (comme je l'ai lu) en footing très lent, il faut trouver un équilibre.
Comme le disait Arthur Lydiard (qui à entrainé deux champions olympique), "une fois que l'athlète à parcouru les km à allures soutenues programmés par l'entraineur, libre à lui d'ajouter des km de footings lent si ça lui plait, si ça ne fait pas de mal ça peut éventuellement lui faire du bien" (citation approximative, mais le sens y est).