Métiers du Roller : Ingénieur

[quentin85]

Bonjour suite à l'article Vivre du roller ? C'est possible !, j'ai pensé que le métier d'ingénieur pourrait en faire partie. Par exemple je pense qu'il doit bien en avoir pour la conception : design, matériaux... Etant au lycée je suis en plein dans mon choix d'orientation : pourquoi pas ingénieurs dans une entreprise de roller ?!
Je voulais savoir si les entreprises telles que seba employaient des ingénieurs et avoir plus d'information sur le fonctionnement de ces entreprises : leur effectif (employés), leur moyen financier, tranche de salaire moyen, les types de contrats...

[Badzmiaoo]

J'ai brièvement bosser dans le milieu, j'ai travaillé pour Bont en 2004 pour 6 mois lors d'un stage à l'étranger. J'ai fait de la CAO chez eux, le vavy hub, S-frame, les ébauches pour le 3 pt...
À l'époque, c'était une petite boîte, en gros 40 employé dans un hangar qui fait 3-4000m². Aucun ingénieur à proprement parler, un cerveau, Inze le créateur de la marque, puis Alex, le fils qui s'occupe du marketing et qui a depuis repris la direction de la boîte. Vu que c'était un stage, je n'étais pas payé, j'ai reçu une paire de moulés à la place..

Puis... en 2006, quand je suis retourné sur Hong Kong, j'aurai pu retourner dans le milieu pour bosser chez Marco Skates, la boîte qui a repris la fabrication des Seba à l'époque (avant eux, Seb bossait avec une marque Coréenne et ça s'est pas très bien passé). Mais bon, fallait vivre en Chine dans la région de ZhongShan et franchement pour mon couple (je venais de me marier), avoir à vivre 6j en Chine et retourner à HK le WE (3h de bateau) pour une paie similaire à ce que je gagnais à l'époque en travaillant à HK, ça me disait moyen... J'ai fait les entretiens avec le patron et l'ingénieur en chef, j'ai re-rencontré Seb sur place que je connaissais de Paris. J'ai pu voir que vu que je parle cantonnais, c'était plus simple niveau communication avec Seb et les locaux et ça aurait pu être mon atout... puis après y avoir réfléchi, je me suis dit que je devait laissé le roller au loisir, j'ai choisi une autre route, toujours dans le manufacturing.

J'ai continuer à faire un peu de CAO pour BONT en freelance.

Après, je pense que tout ce qui est fabrication, ça se fait énormément en Chine, même Bont s'est complètement délocalisé en Chine. Je pense qu'il n'y a plus beaucoup de marque qui font de la conception/développement et de la fabrication ailleurs qu'ici. Certaines marques peuvent encore fabriquer ailleurs, mais je pense que c'est dur... Maple skates qui sont toujours vraissemblablement toujours basée aux Pays-Bas. Puis certaines marques un peu plus petites que les rouleaux compresseurs comme Powerslide.

Bosser dans le roller, c'était mon rêve de lycéen, je l'ai fait, puis je me suis dit que ma vie active ne devait pas se finir dans le même domaine que ma passion, certains y arrivent, moi je n'y suis pas arrivé. Je bosse dans le domaine de la plasturgie maintenant... où toutes les secondes comptent. Après, je me suis qu'avec l'expérience que tu gagnes à regarder dans l'industrie, tu peux te faire une paire de rollers tout seul pour moi et c'est dans mes projets.

[gui_gui]

C'est un témoignage super intéressant !
Mais quelles ont été les étapes-clé dans l'évolution du inline depuis son apparition ?
Est-il possible d'anticiper les prochaines avancées technologiques ?

[Badzmiaoo]

Merci,

Pour y répondre... je ne connais absolument pas les étapes-clés de l'évolution du roller, je connais ma propre évolution (Quad->Line->Freeride->Speed->...) et je pense que finalement, les fabricants répondent à une demande, la loi de l'offre et la demande. Ces dernières années, les gens veulent de plus en plus pouvoir facilement sauter d'une activité à une autre, ça a commencé avec les gars qui faisait du Freeride et du Street... Ils veulent un truc vraiment réactif avec des platines courtes et en ajoutant des blocks, ils pouvaient slider en même temps. L'évolution a fait que certaines marques proposent des produits avec cette polyvalence. Les gens veulent faire de la rando longue, donc des chaussons semi-haut avec platines longues sont sorties, du 4x90, des rollers pour la trace...

Moi j'ai des doop maintenant, j'y monte du 4x80 quand je fais du roller avec ma fille et du 3x100 quand je roule tout seul pour mes sessions fitness.

Parallèment les gens roulent, il y a un mouvement marketing pour faire envie aux gens de rouler avec l'essor d'internet, les pousser à faire plus et les fabricants te fournissent le matos pour y arriver, c'est comme la vidéo rollerblade 2014 là en page d'acceuil sur REL.

Ensuite, ils regardent la réponse du public, ce que les gens achètent, ce que les gens customize et essaient d'y répondre petit à petit.

Troisième axe... la compétition,

Pour le monde de la vitesse par exemple il n'y a qu'un seul objectif, l'optimisation du rendement, le triangle performance/poids/solidité. Il y a un règlement, et tu vois certaines grandes évolutions, la limitation de tailles de roues, 80, 84, 88, 0, 100, 110 et bientôt 125? le passage de 5 roues à 4 puis bientôt 3, les marques innove dans une enveloppe prédéfini et s'ajuste. On a ajouter certaines avancées particulière: le custom fit, le laçage, les straps.

Pour le slalom, les gars ont commencé à monter des rollers en bananes, puis le rockering en série est apparu... etc...

Il y a plein de chose à faire en conception, plein de trucs à tester etc... mais le terme anticiper est mal venu je pense. Tu peux avoir de superbes idées sans pour autant faire un beau produit qui marche comme les platines 1 pt de rollerblade... Je pense que c'est intéressant à condition de revoir l'attache et de l'élargir un peu puis faire une platine 2 roues la plus basse possible... Mais bon, faut développer, fabriquer, tester etc..


Pour mon projet perso, je veux juste quelque chose qui pèsent moins que les doops tout en étant aussi solide et rigide, qui me permettent d'y enfiler une paire de chaussure minimaliste avec un sysème pour changer les platines plus rapide... on verra ce que je pourrai faire d'ici quelques années... à moins qu'un fabricant y réponde.

[alfathor]

Merci pour ces témoignages passionnants !
Il existe quelques ingénieurs roller en France... chez Decathlon/Oxelo, à Villeneuve d'Ascq.

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Ce qui serait super ce serait une coque avec des propriétés thermoformables améliorées : à 70°C ou 80°C, une très grande plasticité permettant des ajustements faciles et précis. Actuellement quand on déforme un point, c'est toute la trame carbone qui bouge. On tire d'un côté et ça bouge de l'autre... L'idéal ce serait donc une coque vraiment élastique à chaud, pour ne modifier que des points précis.
Peut-être avec une trame carbone composée de segments courts de fibre, pouvant glisser les uns sur les autres ?

... tout en conservant solidité et rigidité à température ambiante !...

[Badzmiaoo]

C'est difficile. Le carbone est une sorte d'armature et effectivement c'est un circuit fermé dans le sens où son périmètre est fixe et quand tu travailles après que le moule est fait, ça va tirer d'un côté quand tu pousses à un autre endroit comme tu en a fait l'expérience.
Le plastique thermoformable à basse température, ça existe, mais les propriétés mécanique ne doivent pas être assez bonnes pour intéresser les gens. Sinon tu as la fibre de carbone en tant que "filler" pour le thermoplastique, il ajoute ça dans la résine de base pour que les fibres (en vrac) soient noyés dans le plastique ça augmente la rigidité de l'ensemble, certaines platines en sont faites, elles sont en plastique et il y a de la fibre carbone noyée à l'intérieur (et la mention carbone sur la platine)
Le challenge de le faire sur matière thermoformable à basse température serait d'arriver justement à noyer la fibre dans la matière de manière uniforme. L'epoxy mélangé au carbone est un très bon médium vu que liquide avant "curing" donc tu peut faire les formes que tu veux.

Je pense que dans ton cas, il serait plus simple de passer en plusieurs étapes, faire des moules en plâtres pas cher et faire un premier essai en plastique thermoformable (le pvc c'est pas mal) et ensuite tu chausses et tu regardes là où ton moule à besoin d'ajustement. Tu recommences à former ton chausson jusqu'à ce que tes content puis ensuite tu moule une empreinte en plâtre du chausson plastique définitif que tu te sers comme base pour le carbone par la suite.
C'est pas extrêmement difficile. Pour moi ce qui est difficile, c'est la couture sur carbone pour le reste.

J'étais parti sur l'obtention de la base en plâtre, couture et collage d'une couche de cuir, puis quelques insert en caoutchouc et ensuite la coque en carbone à proprement parlé. Je pars sur le fait que je me fait des Fisher price, j'enfile une paire de chaussure avant de mettre les rollos. Donc je moule une base qui enveloppe cheville, voûte et surface basse du pied. Je laisse deux écrous pour le spoiler (qui peut lui aussi être fait en csrbone), puis un autre petit moule pour une attaché sur le dessus du pied. Serrage cranté en tirant sur un câble en acier (j'aime bien ce concept). Ça c'est les grandes lignes.. Maintenant faut que je trouve du temps etc...