Comme j'ai décidé de faire des "breaks vélo" au milieu de tout le roller que je fais, il me semblait que ce dimanche était tout indiqué pour un tel break, avec plus de 35°C et vent à plus de 30 kmh.
Un break vélo, c'est aussi l'occasion de faire de l'endurance cardio sans se faire mal aux pieds. C'est une sortie longue, basse ou moyenne intensité, avec ou sans pauses...
Je décide d'une sortie de 160 km environ, en 2 étapes 2x80 km, avec pause 1h entre les 2.
Je me prépare ainsi : 2 gourdes d'eau sur mon cadre, 600 ml et 650 ml; sac à dos contenant 1 bouteille de 750 ml d'eau, quelques tranches de pain complet, un petit bocal en verre contenant environ 400 ml de gaspacho, mélange frais de concombre, tomates, poivron etc... et ... un petit tube de sel, qui m'a sauvé. Mon éternel sac banane contenant raisins secs, et 2 tartines de pain complet au beurre d'arachides que j'ai salé... avec du sel de cuisine.
Bref, les préparatifs sont faits avec méthode et expérience...
Première partie : Ennery - Marly, par Courcelles-Chaussy, Servigny-Lès-Raville, Laquenexy...
Départ 09h23 - 89,66 km en 3:39:36, soit 24,49 kmh, max. 49,7 kmh (déniv + 958 m)
Je ne suis pas parti très tôt. La température, de 23°C à 6h du matin, est déjà au-dessus des 27°C à 9h. Mais c'est comme ça : je passe à Marly voir mes filles, arrivée prévue las-bas entre 13h et 14h. Le vent est bien de Sud-Ouest, entre 10 et 20 kmh, donc il m'aide sur les 40 premiers km, mais devient ensuite un facteur handicapant. En effet, jusqu'au km 40, je pointe Sud-Est jusqu'à Arriance. Le vent d'Ouest m'aide donc plus ou moins. Mais ensuite, sur la section Arriance - Marly, j'ai globalement un vent défavorable. Arrivé sur les hauteurs de Courcelles-Chaussy, je tombe le débardeur. Il est de trop. Il va dans le sac à dos. Il y rejoint une petite serviette de bains, pliée en 4, dont l'unique fonction est d'absorber la sueur émise par la surface de mon dos en contact avec ce même petit sac à dos...
La campagne est sèche. Les champs sont secs, les sous-bois sont secs. Le stress hydrique est intense. Je croise des agriculteurs en tracteur, travaillant à transporter des meules de fourrage pour les bêtes.
La route D70 est longue, elle fait des bosses, comme dans les dessins animés de Tex Avery.
Arrivé à Laquenexy, je fais une petite pause de 5 min. afin de réorganiser mon sac à dos ainsi que la répartition des liquides présents sur mon cadre et dans mon sac à dos. Aujourd'hui, le challenge, c'est clairement la chaleur. Comment s'y adapter.
Arrivé à la jonction de la D155D venant de Jury et la D70E allant vers Chesny, je prends cette dernière, et fais fi d'un panneau "Accès Peltre barré", continuant par la D155C à travers Chesny. Je me dis qu'après tout, ce ne sera pas la première fois que je passerais à travers une route prétendument barrée. Barré pour les bagnoles, ouais... Sauf que là... Ce n'est qu'en arrivant à Peltre, à la jonction avec la D155B, que je dois m'avouer vaincu : la route est non seulement barrée par un imposant système de barrières métalliques, mais également par une énorme tranchée, creusée dans la terre, d'environ 5 mètres de large par 5 mètres de profondeur. Apparemment des travaux de terrassement pour une future ligne de chemin de fer.
Alors que je n'étais plus qu'à une dizaine de km de ma destination (Marly), je dois rebrousser chemin et passer par le centre ville de Peltre. Cette petite bifurcation va ajouter 10 km à mon parcours aller initialement prévu.
C'est donc grandement soulagé que je parviens enfin chez mes filles à Marly, où je vais me reposer délicieusement durant 2 heures.
Mes filles chéries sont à mes petits soins : eau fraîche, gâteau aux pommes, et surtout bien sûr, leur présence inestimable à mes côtés.
Après 2 heures de pause, c'est donc revigoré et plein d'une nouvelle énergie que j'aborde le trajet retour.
Marly - Ennery par Laquenexy, Hémilly, Courcelles-Chaussy...
Départ 15h02 - 75,52 km en 3:02:47, soit 24,79 kmh, max. 53,5 kmh (déniv + 813 m)
Que Dieu me pardonne, je dois d'abord gérer cette putain de chaleur. Étant donné que le 103 bornes roller d'hier, à plus de 26 kmh de moyenne par plus de 30°C m'a bien entamé le physique, je dois d'abord et avant toutes choses gérer ce fichu problème.
L'eau fraîche fournie et le gâteau aux pommes ont accompli un formidable boulot, mais je dois malgré toutes ces délicates attentions effectuer une pause de 5 min. à Laquenexy, au km 20, afin d'ingurgiter ce fameux Gaspacho. Environ 250 ml d'un mélange de tomates, concombres, poivrons, ail broyés, avec piment, sel, huile d'olive et vinaigre balsamique, comme ça voici la recette, une sorte de concentré de fluides bénéfiques avec toutes sortes de bonnes choses dedans. Ouf, ça fait du bien. Retour sur la route. Voici encore la D70 et ses bosses dignes du plus déprimant de tous les dessins animés de Beep-beep et Vil Coyotte.
Les interminables vibrations de la route se répercutent dans mon cerveau qui souffre sous les coups. Il va bientôt falloir gérer cela.
La route est longue, et la question est de gérer cela au mieux, avec cette chaleur cuisante, qui fait grimper le palpitant au-delà des plages habituelles. Cela fait un moment que l'eau plate chaude ne suffit plus à apaiser ma soif. Il va falloir saler tout ça...
Alors que je suis sur la D70, direction Arriance, je fais une petite pause au niveau du croisement avec la D75 en provenance de Rémilly. Je prends mon petit tube de sel de cuisine (environ 10 grammes). Je le verse dans ma bouteille d'eau de 750 ml, qui ne contient alors plus qu'environ 100 ml. Cela produit une saumure très concentrée en sel. Cette saumure, je la verse dans mes 2 gourdes d'eau qui sont sur mon cadre. Après mélanges, transferts de liquides et secouages, je me retrouve avec 2 gourdes effectives sur mon cadre, 600 ml et 650 ml, toutes deux bien salées. La plus grande, celle de 650 ml, est plus salée que cette de 600 ml, au goût. J'en bois plusieurs rasades de chacune, appréciant leurs effets respectifs.
Parenthèse ouverte : Baisse de la chaleur corporelle, diminution de la fréquence cardiaque, rythme respiratoire plus lent, meilleures sensations générales. Voilà ce que c'est que d'avoir recours au sel en situation extrême. La déshydratation n'étant pas une situation d'avenir, il faut absolument, impérativement, avoir recours au sel. Chlorure de sodium. Parenthèse fermée.
Dans le même temps, une mini-voiture, avec deux jeunes charmantes jeunes femmes à bord, semble en difficulté mécanique moteur à ce même carrefour D70/D75. Je m'entends leur dire qu'hélas, je ne peux rien pour les aider, étant moi-même en situation difficile...
Ma route continue donc, avec la chaleur, le vent, le dénivelé... la chaleur fait exploser le goudron. Des bulles et des gouttes de goudron se forment, adhèrent aux pneus, avec un bruit collant, une odeur prégnante, une adhérence précaire.
Heureusement, j'ai le vent favorable sur ce retour. Au croisement avec la D74 vers Hémilly, la relative fraîcheur de la forêt m'apaise quelque peu.
Je bois fréquemment de mes eaux salées. Elles m'hydratent et apaisent mes souffrances. Je bois souvent, par petites gorgées. Chaque gorgée atténue mes douleurs. J'estime qu'au rythme où je bois j'aurai juste assez de liquide jusqu'à l'arrivée.
Ce calcul s'est avéré exact, au millilitre près.
L'arrivée est une délivrance. C'est aussi confirmation de l'importance du sel sur les rides en conditions de chaleur extrême.
Moyenne globale de cette journée vélo en 2 étapes :
165,18 km en 6:42:23, soit 24,63 kmh (déniv. + 1771 m)
