L’Île Maurice sur roulettes avec Goyan

Par | Publié le 20 août 2010 | Mis à jour le 3 novembre 2020 | Catégories : Toutes Raid & longue distance | Sous-catégories : Images du bout du monde | 7905
| Tags : LÎle Maurice avec roulettes sur Goyan

Nombre d’entre vous connaissent déjà sûrement Goyan Romano. Le patineur de vitesse du PUC a de nombreux raids à son actif. On se souvient par exemple de son récent voyage au Vietnam. Cette fois-ci Goyan nous livre ses impressions sur les routes de l’idyllique Ile Maurice…

goyan romano ile maurice small

L’Île Maurice sur roulettes avec Goyan L’ILE MAURICE SUR ROULETTES AVEC GOYAN Nombre d’entre vous connaissent déjà sûrement Goyan Romano. Le patineur de vitesse du PUC a de nombreux raids à son actif. On se souvient par exemple de son récent voyage au Vietnam. Cette fois-ci Goyan nous livre ses impressions sur les routes de l’idyllique Ile Maurice…

Maurice by Goyan

Emmener ses rollers partout où l’on va n’est pas pour tous les pratiquants devenu (encore) une habitude. Pourtant, certains pays permettent de pratiquer notre passion sur plusieurs dizaines de kilomètres en alliant découverte, beauté des paysages et plaisir de la glisse. Voici un petit reportage pour grossir nos connaissances internationales sur la praticabilité de rouler en milieu « naturel » le roller en toute liberté.
Basé dans le nord de l’île Maurice depuis plus de deux semaines, j’ai donc écris un petit compte-rendu de l’état des routes et de la circulation dans cette île, visitée plus pour ses plages et son lagon que pour ses routes.

L’hiver (l’été pour nous) c’est comment ?

Une question des plus pertinentes, quel temps fait-il à l’île Maurice au mois de juillet et d’août ?
Il faut savoir que nous sommes dans l’hémisphère sud, ce qui signifie que les saisons sont inversées. C’est donc pour eux, l’hiver, mais quel hiver ! Les locaux ont des vestes, des bonnets, des pulls … mais ils restent en tong / savates toutes la journée car les températures avoisinent plus les 20 – 25°c que nos 0 à 5°c qui nous refroidissent les orteils … Premier constat donc, il fait agréablement chaud ici, ni trop chaud, ni trop froid. En pleine journée, plein effort, l’organisme transpire beaucoup, donc gare au coup de chauffe. Il pleut très souvent la nuit, ou au petit matin, ce qui peut pénaliser un raid, car partir tôt sur sol sec n’est pas pour l’instant possible dans la région où je réside. Dernière info, le soleil se lève vers 6h et se couche vers 17h30 – 18h00 maximum.

Quel est l’état des routes à l’Ile Maurice ?

Contrairement (aux très mauvaises) idées reçues, l’asphalte est ici, EXCELLENT. Ce n’est pas parce que l’on franchit nos frontières dites « développées » que l’état des routes est forcément désastreux dans les pays lointains. La conclusion principale est donc qu’ici, les routes sont belles, trop même par endroit. Pour avoir sillonné quelques trois cent kilomètres (ca va vite!), l’état général de l’asphalte mauricien est vraiment très bon. Bien sur, il y a des trous, un peu de gratton, des portions difficiles, mais tout ne peut pas être parfait. L’essentiel est que l’on puisse parcourir plusieurs dizaines de kilomètres sans rencontrer les moindres soucis concernant le revêtement. En choisissant un montage en 3×110, cela permet de pallier aux éventuels dysfonctionnements de la route, graviers, route en travaux etc.

Aller d’un point A à un point B ?

Tout dépend si l’on souhaite aller chercher son pain à la boutique du village ou bien partir à la capitale. Le réseau des bus collectifs est très développé ici, mais très mal organisé, mieux vaut ne pas rater son bus, sinon, c’est minimum vingt minutes d’attente. En tous les cas, cette solution est pratique mais également économique, car un trajet pour une vingtaine de kilomètres coute environ 30 roupies mauriciennes par voyageur, moins d’un euro donc ! Lorsque j’annonce que j’ai parcouru telle ou telle distance en roller, les locaux écarquillent leurs yeux comme si j’avais parcouru le Mans en solitaire, pourtant ce n’est que 15 km !

Tout est donc parfait pour un patineur qui désire se lancer sur les routes mauriciennes, feux verts ?

Non malheureusement, tout n’est pas parfait. En premiers lieux, la largeur des routes est le principal défaut. En effet, pour des routes secondaires, j’ai pu mesurer environ sept mètres de largueur pour y faire passer une file dans chaque sens. Il n’y a pas de bas côtés et c’est un gros souci car nous sommes habitués à avoir des trottoirs où des zones ou se ranger si les voitures filent. La vitesse excessive des automobilistes et des bus sont aussi une grosse source de danger. Notre amplitude gêne les autres usagers, mais même un vélo à intérêt à ranger ses fesses, car le plus fort gagne toujours s’il y a conflit.

Quels sont les types de routes et ses usagers ?

La physionomie de l’île est pour la partie la plus au nord, assez vallonnée. Ce ne sont pas des routes très pentues, mais plutôt une succession de montées descente qui sont très casse patte, surtout lorsque le vent (la brise) qui vient de l’est souffle de face.
Il existe deux types de routes. Une autoroute, déjà construite, qui se nomme Express, permet d’atteindre les 100 km/h pour les voitures les plus puissantes est praticable mais déconseillée. Trop rapide, trop dangereuse.
Les autres, des routes secondaires ou tertiaires. Elles traversent les villages ou les gros bourgs. Sur ces routes, on peut voir de tout : des piétons bien sûr, mais aussi des bus, des voitures individuelles, des mini vans touristiques, des chiens errants ou non, des camions qui transportent les cannes à sucre.

Est-ce qu’il y a une bonne cohabitation avec tous ces usagers ?

Personnellement, je trouve que tout ce passe bien. En effet, les règles sont légèrement différentes de chez nous car il y a très peu de feux tricolores pour réguler les flux de circulation, seul existe des dos d’âne, ou des lignes matérialisées, des speed breaker. Autre arme pour neutraliser la vitesse, les ronds-points.
Au delà de cela, tout ce passe pour le mieux malgré les pièges qui existent au quotidien. Vu le peu d’espace qu’il y a sur la route, il faut que les chauffeurs tiennent compte des voitures qui se mettent en stationnement, des piétons qui traversent etc. Hormis à Port Louis, je n’ai pas vu d’embouteillages et je n’ai pas vu encore d’accident. Il y en a, c’est certains car j’ai vu par contre les conséquences d’accidents de voitures (un abri bus complètement défoncé par une voiture du ministère de la santé, ils recherchent toujours le fonctionnaire en délit de fuite dixit la radio nationale [sa plaque d’immatriculation était sur les lieux de l’accident] !)

Existe-t-il des cyclistes ou même des patineurs ?

Pour la région où je suis, je ne peux pas dire qu’ils soient légions. J’ai aperçu, lors de balades, quelques groupes à vélo, près du littoral, mais je suis quasi certain que c’était des « touristes » qui roulottaient tranquillement. J’ai croisé de jeunes mauriciens, mais ils sont très peu. Concernant nos homologues patineurs, pas de traces d’eux ici. Que cela soit en agglomération ou sur la route, pas de traces de rollers à l’île Maurice.
J’ai chiné dans une boutique de sport à Port Louis, j’ai trouvé des rollers type Fisher-Price des années 90, qui coutait près de 90 Euros ! Impossible de vouloir s’y mettre dans ces conditions. Pas de trace de piste non plus, mais vu ce que l’on vient de décrire, cela semble logique.

Quel est le niveau requis pour pratiquer à l’île Maurice ?

Il est certains qu’un patineur débutant ne peut se lancer seul sur les routes mauriciennes. Il faut avoir une certaine habitude des flux de circulation, pas peur des avertisseurs sonores, des chauffards qui doublent n’importe comment, et de ne pas voir âme qui vive pendant dix ou vingt kilomètres. Malheureusement donc, il n’existe pas d’infrastructures permettant au débutant de prendre plaisir. Seul des confirmés peuvent se lancer sur l’asphalte mauricien. Bien sûr, il existe des tronçons vides, ou aucun véhicule ne viendra troubler votre raid, mais il faudra bien qu’à un moment, la civilisation revienne à vous. Autre obstacle à la pratique, il faut constamment se retourner pour voir si une file de voitures ne va pas débouler.

Est-il utile de ramener ses patins si un séjour sur l’île est prévu ?

Si rouler fait partie de votre vie, si les kilomètres ne vous font pas peur, si vous avez envie de faire plus que sensation lorsque vous arriverez dans un petit village de campagne, alors oui vous pouvez ramener vos patins avec vous. Encore une fois, étant donné le niveau de roulage de l’asphalte, ce ne sera pas perdu de les avoir ramené.

balades, entrainements, raids ?

Tout est donc possible ici. Avec un point de chute, on peut faire par jour dix, cinquante, voire cent kilomètres. Tout dépend de la météo et de ses envies. La physionomie de l’île, permet de partir loin, sans risque de se retrouver au pied du Ventoux ou dans les rues pentues de Lyon ou Marseille. Globalement, avec la carte IGN (échelle 1:100 000), on peut s’éviter de belles frayeurs. De plus, le coût de la vie est relativement faible ici (1 Euro = Rs 40 à mon passage). Pour citer quelques exemples de ce que l’on peut trouver sur la route pour dépanner : une bouteille d’eau minérale, entre 15 et 20 roupies le litre et demie ; un petit paquet de gâteau, une dizaine de roupies ; un rôti (galette indienne avec un peu de garnitures) environ 20 roupies etc. L’avantage aussi est que l’on trouve de petits commerces un peu partout, le seul danger est de rentrer après la nuit.

Y’a t’il des points de comparaisons avec la pratique en France ?

Oui bien évidemment. Mais à la fois, ce sont deux univers différents. J’ai croisé pas mal de motards de la police ainsi que des véhicules, aucun d’entre eux ne m’ont pour l’instant expliqué ceci et cela … Même si les conditions sont difficiles, plus que chez nous c’est évident, on jouit d’une certaine liberté qui n’est plus de mise par en France, en tous les cas avec certains fonctionnaires aigris de voir des rollers sur la voie publique. Ce qui est aberrant chez nous ne l’est pas du tout dans plein d’endroits à travers le monde, à quand une prise de conscience réelle du mouvement sportif et politique concernant notre mode de déplacement ? Nous sommes crédibles, les performances des champions, sur route, sur piste, au Mans, à l’international le prouve, mais on n’est pas trop compris.
Certes, l’idéal est d’avoir un endroit pour pratiquer chaque sport, librement … mais sans vouloir tout enfermer, pourquoi ne pas faire cohabiter les vélos avec les rollers, les rollers avec les voitures, etc. ? C’est un autre débat, mais qui chez nous prend tout son sens, surtout lorsque l’on voit ce que l’on peut faire ailleurs, dans des pays « moins développés » que la France …

Pour finir, l’île Maurice, c’est comment ?

Souvent comparé à sa voisine, l’île de la Réunion, l’île Maurice est certes moins belle mais elle regorge d’endroits qui ont conservé un charme traditionnel et populaire. On peut ne pas aimer, mais si je vous dis que du haut du toit de la maison où je suis, j’ai des champs de cannes à sucre à pertes de vue, au nord j’aperçois la mer et au sud la chaine de montagne qui ceinture la capitale, croyez-moi, c’est un chouette spectacle qui s’offre à moi tous les matins.
Concernant la route, les champs de cannes à sucre, rythment les kilomètres, ainsi que le bleu azur du ciel et les longues lignes droites des routes vallonnées que l’on s’apprête à rouler. Les villages traversés sont pour la plupart petits et peu développés ce qui laisse à voir des maisons simples et une majorité de nature plutôt que du béton. Les petits bourgs de la côte ressemblent à des petites villes de la côte, assez peu intéressant. La capitale Port Louis est assez petite à visiter. Rien d’extraordinaire, mais un charme à part pour cette ville qui fut autrefois la capitale de l' »Ile de France ». Il y a quelques sommets à grimper mais rien d’organisé comme par chez nous, rien de balisé ce qui en rend la pratique dangereuse mais possible. Le top c’est bien sur la plage et les fonds sous marins mais là, on sort de notre domaine.

Conclusion

Ces cinq semaines furent un vrai régal et même si les conditions de routes furent difficiles, je garde un énorme souvenir et une grande fierté d’avoir pu pratiquer le roller sur presque toute l’île.

Liens utiles

Vidéo du raid sur Youtube Texte : Goyan
Photos : Goyan

Auteur

Alexandre Chartier

''alfathor''

Alexandre est le fondateur et webmaster de rollerenligne.com depuis 2003. C'est un passionné de roller en général, tant en patin traditionnel qu'en roller en ligne. Il aime le patinage à roulettes sous tous ses aspects : histoire, économie, sociologie, évolution technologique... Aspirine et/ou café recommandés si vous abordez un de ces sujets !

SOUTENIR ROLLERENLIGNE.COM

Vous aimez les contenus de REL, Mediaskates.com et Spotland.fr ?

Aidez à pérenniser l'association !

A lire également

  • Aucun article associé.
  • Publicités

    6 réponses pour “L’Île Maurice sur roulettes avec Goyan

    1. Doger

      Bonjour,
      je suis Doger, patineur mauricien. moi mon truc c’est plus le freestyle. Petite info : on a plusieurs club de roller de course sur l’île et même une école de formation de roller.
      Une des raisons pourquoi tu n,as pas vu de patineur mauricien sur nos routes: c’est que nous on a pas le libre accès aux routes…c.a.d malgré qu’il n’y a pas de loi qui empêche de circuler sur les routes, cette culture n’est pas accepté par les autorités ont peut dire que nous sommes un peu marginaliser, mais par contre du moment que t’es un touriste sa va.
      comme le mauricien n’a peur de rien..lol on pratique organise souvent des randonnées.
      Coté matos on a une boutique spécialisée(Conicsport

    2. Archangel_i

      Beau petit parcours que vous nous faite partager.
      Je suis un petit nouveau dans la famille des Raid longue distance, et je découvre par ton récit qu’il y a de belle destinations pour raider.
      Au plaisir de te croiser pour en parler.
      Bravo pour ton récit et ta performance.
      Yann Solo

    Laisser un commentaire

    Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *