Interview de Hugo Vitou, joueur des Corsaires de Paris XIII et de l’équipe de France de roller hockey

Par | Publié le 5 février 2020 | Mis à jour le 3 novembre 2020 | Catégories : Toutes Roller-hockey | Sous-catégories : Interviews roller | 1563
| Tags : équipe france roller hockey interview hugo vitou corsaires paris 13 roller hockey paris

Hugo Vitou fait partie des piliers de l’équipe de France de roller hockey. Il a eu l’immense honneur de soulever la Coupe du Monde en 2014 avec les juniors. Il évolue toujours au plus haut niveau français, au sein des Corsaires de Paris XIII et de l’équipe de France senior. Rencontre…

interview hugo vitou 2020 small

Entretien avec Hugo Vitou

Hugo Vitou

Bonjour Hugo, comment as-tu découvert le roller et plus particulièrement le roller hockey ?

J’ai découvert le roller hockey à l’âge de 7 ans au club Nice Roller Attitude. A l’époque, je faisais du roler street. Je pratiquais la rampe et je voyais des seniors jouer sur un terrain extérieur en dessous de la patinoire Jean Bouin. C’est à ce moment-là que j’ai demandé à mon père d’essayer ce sport. Et depuis lors, je n’ai jamais arrêté.

Qu’est-ce qui t’a amené à pratiquer le roller hockey plutôt qu’une autre discipline ?

Depuis que j’ai 3 ans, je suis sur les roulettes. J’ai essayé énormément de disciplines comme le slalom, la rampe, le saut… J’étais à l’aise sur les patins, j’ai tout de suite accroché sur ce sport d’équipe qui me convenait parfaitement, tant au niveau de l’ambiance que du jeu que l’on pouvait produire.
Je faisais tout avec mes patins : j’allais à l’entraînement, je partais en vadrouille sur la Promenade des Anglais avec mon père et mon frère, je retrouvais des amis pour faire quelques heures de slalom et de tremplin, je ne me déplaçais jamais sans mes rollers !

Pratiques-tu d’autres sports en parallèle ? Pour le plaisir ou à l’entraînement…

J’ai beaucoup pratiqué le volley-ball au lycée et à la fac, dans le championnat universitaire notamment. J’ai aussi fait pas mal d’aviron, étant proche de la mer et de certains lacs.

Quelle est la nature de tes entrainements et leur fréquence ?

Je suis actuellement joueur au sein de l’équipe des Corsaires de Paris XIII. Je m’entraine deux fois par semaine avec l’équipe élite, mais je suis aussi coach. Je chausse donc les patins 5 à 6 fois par semaine. J’ai aussi mis en place un entraînement spécifique aux gardiens de buts qui permet aux gardiens de se perfectionner, mais aussi aux joueurs de venir travailler leur technique individuelle.

Le patinage, c’est une histoire de famille ? Je pense notamment à ton frère Louis Vitou…

En effet ! Dès mes débuts, mon petit frère a tout de suite voulu s’y mettre et il a progressé assez rapidement. Mon père est aussi passionné que nous. Il a intégré l’équipe loisirs du club et nous étions donc 3 gars à la maison avec la même passion ! Désolé maman ! (rires).

Malgré tout, mon frère et moi avons toujours été soutenus par nos parents dans tous nos déplacements et nos compétitions. Cela fait vraiment plaisir. Cela nous a sans doute motivé davantage. Il faut savoir que le hockey est un sport onéreux et nos parents ont toujours tout fait pour que l’on soit à l’aise dans notre discipline. Je ne les remercierai jamais assez.

Hugo Vitou

Quels sont tes meilleurs et tes pires souvenirs en tant que joueur ?

Alors, commençons par le pire : il s’agit de la finale junior élite, dont beaucoup de joueurs de mon club qui étaient sur place risquent de se souvenir. Nous étions avec Montchavin en alliance. Dès le premier match de cette finale, j’ai complètement perdu mes moyens et j’ai utilisé ma crosse pour atteindre un joueur adverse. Cela m’a coûté tout la finale et les matchs de suspension par la suite. Pas folichon pour un capitaine.

Le meilleur de mes souvenirs reste le Championnat du Monde Junior 2014 à Toulouse (31). Nous avons successivement battu la Belgique, la Colombie, l’Italie, l’Espagne et les Tchèques en demi-finale. Ils étaient alors invaincus. Nous avons fini par devenir Champions du Monde après avoir gagné le Canada 6-4 en finale ! C’est un souvenir qui restera gravé à jamais dans ma p’tite tête et celle de mes coéquipiers. Je les considère aujourd’hui comme mes frères. On a passé 10 jours incroyables ensemble avec une ambiance rêvée et un dénouement inespéré.

Etude et/ou travail : que fais-tu dans la vie ?

Cette année, je suis  » off « . Normalement je fais des études pour devenir kinésithérapeute sur Paris. C’est compliqué à l’heure actuelle. Je vais devoir changer d’école. Je n’ai pas pu me réinscrire à temps cet été. Donc, j’ai décidé de travailler en attendant. Cela va me permettre de financer mes études. J’ai un poste dans la restauration et je coache dans mon club, dans toutes les catégories, du lundi au dimanche.

J’ai un patron assez conciliant qui m’autorise à prendre des congés exceptionnels pour les stages équipe de France, les matchs le samedi et ne me fait pas bosser quand j’ai entraînement.

Hugo Vitou

Tu as rejoint les Corsaires de Paris XIII en 2018. Parle-nous de ton équipe et de ton club, en incluant ton implication dans l’entraînement des plus jeunes…

Au tout début, il y avait une sorte de challenge. Le point principal était de faciliter l’accès à mon école qui est à 10 minutes de la salle de Paris XIII. Garges était trop loin et je pense avoir fait mon temps là-bas. Ensuite, j’ai rencontré le coach et le président du club pour un entretien pour parler de leurs projets, pourquoi cela les intéressait que je vienne chez eux. On s’est mis d’accords sur tous les points. J’étais content de connaître ma nouvelle équipe. J’appréhendais la façon dont j’allais être accueilli mais le courant est bien passé. Ils ont eu confiance en moi. C’est devenu comme des membres de ma famille. Pour ma seconde année, je constate qu’on a des nouvelles les uns des autres en permanence et de vraies affinités qui se sont créées. Je retrouve Lucas Mousset, quelques années après avoir joué avec lui en Equipe de France. Il est passé par Nice et Caen avant de revenir sur Paris. Il y a aussi Charlie Godano avec qui j’ai joué en minime cadet à Nice.

Hugo Vitou (photo : Claire Tournet)

Quels sont tes objectifs pour la saison prochaine ?

Tout d’abord se maintenir en Elite avec Paris XIII. Cela va être compliqué de faire autre chose. La saison ne se passe pas comme on aurait pu rêver. J’aimerais aussi réintégrer l’équipe de France, je suis blessé depuis plus de 3 semaines. Je me suis blessé aux adducteurs (pubalgie). Je me soigne mais c’est chronique. Il faut faire très attention. Je sais qu’ils me font confiance, j’ai envie de retrouver les potes… mais le hic, c’est mon corps. Travailler et s’entraîner tous les jours a sans doute été usant. Mon corps n’a pas suivi. Je n’ai peut-être pas senti les alertes. Je n’ai pas d’idée des délais avant de me remettre.

Tu fais partie de la génération 2014 qui a été championne du Monde Junior : Comment regardes-tu cette période avec le recul ? Comment vois-tu le chemin parcouru ?

Aujourd’hui, j’ai l’impression que c’est très loin ! J’ai l’impression que cela a été un déclic pour les équipes de France, que je ce soit pour les juniors, seniors et les féminines. Depuis cette période, nous avons un pied sur le podium tous les ans. Nos coachs ont sûrement trouvé la bonne méthode, quoi nous dire, et ça marche. L’équipe de France a un excellent niveau, tout le monde joue, on est sur de la vidéo, du détail, on fignole pour ce petit but en plus, pour ne pas prendre de shoots dangereux, pour devenir plus agressifs. On arrive à jouer sur des détails pour améliorer nos performances. L’aspect coaching et les regroupements d’équipe de France ont beaucoup joué. On se retrouve, on se donne tous ensemble. J’ai pu voir l’évolution des stages. On alterne Voiron, Caen, cela change d’air. On n’est plus dans la routine. Cela fait vraiment du bien.

Hugo Vitou

Quels sont les pays phares et les pays montants de la discipline selon toi ?

Forcément, quand ils amènent leur meilleure équipe : les Etats-Unis. Ils ont été impressionnants. Il y a bien évidemment les Tchèques ; L’Italie a eu une marge de progression super rapide. La Colombie est en train de monter. Ils montent chez les juniors comme chez les seniors. Le Canada semble stagner au même niveau. Ils accrochent au mieux une petite finale. La France a du mal à retrouver la médaille d’or et le chemin du championnat du monde parfait. Nous sommes sur une phase ascendante. La suisse monte de plus en plus et joue de moins en moins en mode hockey sur glace. Ils perdent moins de matchs, prennent en expérience et en niveau. On n’entend plus parler de l’Argentine. L’Espagne et une équipe compliquée à joueur. Ils ne tiennent pas dans la durée des championnats du monde, ou alors c’est un manque de chance dans les poules ; Ils ont du potentiel pour aller plus loin.

Quels sont selon toi les meilleurs joueurs de roller hockey mondiaux du moment ?

De ce que j’ai pu voir des joueurs, je mettrais Travis Noe (USA), Nathan Sigmund (USA), Patrick Sebek (CZE), Martin Fiala (CZE). Le gardien qui m’impressionne cette année, c’est celui de Villeneuve la Garenne, pour citer un gardien Josef Karlik… Ce sont les premiers qui me viennent à l’esprit mais j’en oublie beaucoup. Il y a tellement de joueurs incroyables comme Shane Fox, Junior Cadiz… américains, Tchèques. J’étais à NARCH cet été, aux USA. Les mecs sont incroyables, même d’autres que personnes ne connaît mais qui ne font pas les mondiaux. Ils font ça pour s’amuser mais ont un talent de malades.

Hugo Vitou

Comment vois-tu l’avenir du roller hockey ?

Etant un grand passionné, j’espère un jour voir notre discipline aux Jeux Olympiques, comme la plupart d’entre nous. Pour l’instant, il faudrait avoir plus de possibilités médiatiques pour se faire connaître davantage. Dans certains pays, on est retransmis en direct, comme à Asiago sur RAI Sport en Italie. On pouvait voir les matchs de nos concurrents à l’été à l’hôtel, c’était vraiment top. Il faut rendre le live vidéo obligatoire mais on n’arrive pas à l’avoir à 100% en élite. On a souvent des difficultés de Wifi, de bénévoles. On est encore en amateurs. Certains joueurs sont considérés comme professionnels parce qu’ils ont des salaires, mais on doit grandir encore.

Combien de fois avec ma famille ou mes amis, ils viennent nous vous à domicile mais ils aimeraient nous regarder jouer avec une boisson à la main devant l’apéro, ce n’est malheureusement pas possible de faire le live. Il faut trouver des bénévoles. Ce n’est pas en illimité. Dans nos clubs, ils font énormément de choses. Dans notre club, notre président fait un travail gigantesque, pour nous, pour l’équipe, pour moi personnellement ; Il a retrouvé un coach, il essaie de trouver des joueurs. Il fait en sorte que tout fonctionne bien. Il implique des bénévoles la trésorière, la buvette, les tickets d’entrée, la table de marque. Il passe nous voir une fois par semaine. Je tiens à leur rendre hommage. On n’en parle pas assez mais il faut les remercier. C’est grâce à ça qu’on peut jouer dans de bonnes conditions.

Hugo Vitou

Où en est-on de la professionnalisation dans le roller hockey ? Dans quel sens cela va évoluer selon toi ?

Je n’ai pas vraiment d’avis, je peux juste espérer que cela évolue. Il y a de plus en plus de jeunes qui montent en puissance. Cela pousse les anciens. Le roller hockey à plein temps avec un salaire, il y a en a toujours plus ou moins eu, notamment avec des étrangers qu’on a fait venir en France pour renforcer les équipes de clubs. En ligue élite. Cela se compte sur les doigts d’une main en France. Maxime Langloy est parti en Espagne, c’est possible, même pour un français. On avance doucement mais il y a du chemin à faire, les budgets ne sont pas fous, hormis peut être pour Villeneuve et Rethel. Deux ou trois clubs se démarquent en France mais cela reste compliqué, cela coûte cher, il y a le logement, le matériel. Si tu n’es pas sponsorisé, les crosses et les roues sont onéreuses. Les roues se changent très vite.

Les cultures du hockey sur glace et du roller hockey sont vraiment proches. Penses-tu qu’il pourrait y avoir des rapprochements possibles ou des objectifs communs au niveau français ?

On joue avec un matériel assez similaire mais avez des règles différentes, pas de hors-jeu, pas de dégagement interdit, pas de contact. Ce sont les 3 règles les plus flagrantes pour différencier les deux sports. Il serait intéressant de pratiquer les deux pour comprendre les différentes entre les deux ; En glace les arrêts et les virages sont brusques. Le roller hockey reste différent. Quelqu’un venant du hockey sur glace aura un gros shoot et un bon maniement mais il va lui manquer l’aspect physique du jeu. Jouer au roller c’est être contraint de davantage lever la tête car une seconde d’inattention et c’est le crash. Pour moi, les deux visions se complètent. Rapidité d’exécution du roller pour le hockey sur glace. Ce sont deux tactiques différentes à aborder, utiliser tout l’espace, lever la tête, savoir ce qu’on va faire avant de recevoir le palet. Ça se complète.

Merci Hugo ! Nous te souhaitons un bon rétablissement et le meilleur pour la suite !

Hugo Vitou

Fiche technique

Nom: Vitou
Prénom : Hugo
Né le : 11 février 1996
A : Cannes (06)
Taille : 1,93 cm
Poids : 89 kg
Pays : France
Vit à : Paris
Premiers pas sur les patins à l’âge de : 3 ans
Catégorie : senior
Spécialité : roller hockey
Études / Travail : Restauration, études de kiné
Points forts : shoot et précision
Point faible : technique individuelle
Dernier film vu : Le fabuleux destin d’Amélie Poulain (pour la 15e fois consécutive)
Musique préférée : « Bohemian Rapsody » de Queen
Jeux vidéo ? Jamais trop joué
Livres : Harlan Coben – sans un adieu
Aime : les weekends entre potes, les voyages à l’étranger, les langues étrangères
N’aime pas : l’échec, les blessures (rires), se lever tard
Qualités : travailleur, pédagogue, bon public
Défaut : tête en l’air… (les autres donneront le reste)
Club / équipe : Corsaires de Paris XIII
Langues parlées : français, anglais à bon niveau et espagnol scolaire
Alcool ou jus de fruit ? Les deux !
Plage ou montagne ? Plage (Niçois)
Matin ou le soir ? Matin
Fromage ou dessert ? Fromage !
Rap, métal ou techno ? Raté ! Jazz
Football ou rugby ? Rugby

Palmarès

  • Champion du monde junior 2014 à Toulouse
  • Vice-champion du monde junior 2015 en Rosario (Argentine)
  • Médaille d’argent senior au mondial d’Asiago 2016
  • Vice-Champion du monde 2018 à Asiago
  • Médaille de Bronze aux World Roller Games de Barcelone 2019

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Photos : Philippe Dabert
Claire Chilaud-Tournet
FFRS

Auteur

Alexandre Chartier

''alfathor''

Alexandre est le fondateur et webmaster de rollerenligne.com depuis 2003. C'est un passionné de roller en général, tant en patin traditionnel qu'en roller en ligne. Il aime le patinage à roulettes sous tous ses aspects : histoire, économie, sociologie, évolution technologique... Aspirine et/ou café recommandés si vous abordez un de ces sujets !

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